Une collection que Karl Lagerfeld a imaginée dans une palette somptueuse de couleurs vives, fraîches, librement inspirées d'un jardin aussi extraordinaire que généreux. D'emblée les premiers tailleurs donnent le ton : Un orange éclatant, un bleu électrique, un jaune pollen, un rose vif, soulignent la modernité des silhouettes chaussées de bottines-chaussettes en cuir noir, et coiffées d'immenses capelines dont la paille est dissimulée par un voile de tulle noir.
Les vestes de tweed courtes aux manches longues ou 3/4 s'accompagnent de jupes dont la taille abaissée découvre la peau, ce sont des jupes courtes et évasées, longilignes et étroites, ou d'amples jupes de danseuses toutes soulignées par de fines ceintures dont la longueur inhabituelle accompagne le mouvement comme un ultime trait de crayon. Le noir et le blanc couleurs icôniques de Chanel se déclinent sous formes de tailleurs graphiques et épurés. Virevoltante et aérienne, la mousseline de soie permet un jeu subtil de superpositions et de transparences, magistralement mis en scène par de grands manteaux ceinturés portés sur des ensembles ou des robes ton sur ton en noir, rose, rouge vif. Broderies, plissés origami, mousseline tressée et frangée, perles, paillettes, les effets de matières et les motifs délicats expriment tout le savoir-faire des ateliers. Les motifs de fleurs innombrables qui soulignent le thème de cette collection donnent au soir toute sa magnificence.
Ces bouquets d'organza, de cuir, de tulle, de rhodoïd, de perles s'épanouissent sur les jupes, les vestes ou les manches, longent les mitaines de mousseline, tandis que des fleurs ornent de gracieux bonnets en maille. Poétiques et modernes, les femmes fleurs de Chanel réinventent un jardin plus vrai que nature, dans lequel la Haute Couture tutoie la perfection.
Françoise-Claire Prodhon